- halluciner
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• 1862; de halluciné♦ Rare Produire des hallucinations chez (qqn). Rendre halluciné.♢ (1988) Intrans. Fam. J'hallucine ! je suis stupéfait de (ce que j'entends, je vois). « On hallucine à l'écoute des rumeurs qui courent sur nous » (Actuel, 1994).hallucinerv. tr. Provoquer des hallucinations chez (qqn).⇒HALLUCINER, verbe trans.A. — PATHOL., rare. Halluciner qqn. Provoquer des hallucinations chez quelqu'un, le rendre halluciné. Son propre corps dans les ténèbres hallucinait M. Godeau (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 171).— Emploi pronom. Devenir halluciné. Seul en face de la grande Vierge dorée, il s'hallucinait jusqu'à la voir se pencher pour lui donner ses bandeaux à baiser (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1287). Son regard s'hallucinait, voyait dans la chambre apparaître quelque chose : Anthime! murmura-t-elle (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 149).B. — P. ext. Obséder l'esprit de. Synon. hanter. Vos souvenirs du Congo vous hallucinent (BLOY, Journal, 1901, p. 54) :• Son but, auquel il touchait presque, l'hallucinait.Il souffrait toutes ces souffrances sans qu'il lui vînt une autre pensée que celle-ci : en avant!Son œuvre lui montait à la tête. La volonté grise.On peut s'enivrer de son âme. Cette ivrognerie-là s'appelle l'héroïsme.HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 299.— Rare. Halluciner qqn de qqc. Le récit martial de sa naissance (...) l'effrayant accouchement de la reine l'hallucinaient d'orgueil (D'ESPARBÈS, Roi, 1901, p. 125).REM. 1. Hallucinateur, adj., hapax. Le monde hallucinateur que porte en elle cette jeune fille (BALZAC, Séraphita, 1835, p. 221). 2. Halluciné, -ée, en emploi subst. Victime d'une hallucination. Des yeux d'halluciné, des yeux noirs, si noirs qu'on ne distinguait pas la pupille, des yeux mobiles, rôdeurs, malades, hantés (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Un Fou? 1884, p. 970).Prononc. et Orth. : [al(l)ysine]. Cf. hallucination. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) 1611 part. passé adj. halluxinés « sujet aux hallucinations; qui est en état d'hallucination » (J. DUVAL ds DELB. Rec. ds DG); b) 1851 « qui a le caractère de l'hallucination » une fièvre hallucinée (MURGER, Scènes vie boh., p. 54); 2. a) 1862 trans. « provoquer des hallucinations » (HUGO, Misér., t. 1, p. 24); b) 1866 une netteté hallucinante (FLAUB., Corresp., p. 96); c) 1891 « obséder » (RODENBACH, Règne silence, p. 104 : tel cadran d'autrefois qui m'hallucine encore); 1908 mon hallucinant souvenir (G. LEROUX, Parfum, p. 121). 1 du lat. class. hallucinatus, part. passé de hallucinari « divaguer, rêver », b. lat. « errer, se tromper, avoir des hallucinations »; 2 dér. de 1 avec dés. -er. Fréq. abs. littér. : 205.halluciner [a(l)lysine] v.❖———I V. tr.1 (1862). Provoquer des hallucinations chez (qqn). — Absolument :1 L'idée monte en lui, comme un orage,Elle écrase toute sa raison.Elle fait mal.Elle hallucine.J. Giono, Colline, in Œ. roman., Pl., p. 149.2 (Déb. XXe). Rendre halluciné; obséder. || Halluciner qqn de… (et nom désignant une sensation, un sentiment).3 (Compl. n. de chose). Didact. Évoquer, imaginer par une hallucination. ⇒ Fantasmer.2 (…) les représentations elles-mêmes étaient soumises à ce mouvement d'ensemble, en hallucinant la réalisation des désirs ou en conservant dans l'inconscient le souvenir des désirs satisfaits ou des échecs et des conflits.J. Piaget, Épistémologie des sciences de l'homme, p. 183.3 Le héros de la Gradiva (récit étudié par Freud) est un amoureux excessif : il hallucine ce que d'autres ne feraient qu'évoquer. L'antique Gradiva, figure de celle qu'il aime sans le savoir, est perçue comme une personne réelle : c'est là son délire.R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 147.———II V. intr. Fam. Être stupéfait, surpris par quelque chose de difficile à croire, à imaginer. || C'est pas possible, j'hallucine !❖DÉR. Hallucinant, hallucinateur.COMP. Hallucinogène.HOM. Halluciné.
Encyclopédie Universelle. 2012.